© air france
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En 1933, Air France réunit les cinq principaux transporteurs français. En quelques années seulement, elle s’impose sur la scène internationale comme une compagnie majeure.
Sous l’impulsion du Ministre de l’Air, Pierre Cot, les grandes compagnies françaises font cause commune. Air Orient, Air Union, les Lignes Farman, la CIDNA et plus tard l’Aéropostale sont réunies par fusion-acquisition au sein d’une seule compagnie nationale, créée le 30 août 1933. Elle installe son siège au 2 rue Marbeuf, dans les locaux d’Air Orient. Reste à lui trouver un nom.
En conférence de presse, Louis Allègre, directeur général de la nouvelle compagnie, demande aux journalistes présents de l’aider à trouver le nom idéal, « à consonance internationale et qui puisse être compris par tout le monde ». C’est Georges Raffalovitch, du Journal, qui propose « Air France », aussitôt accepté à l’unanimité.
La question du logo est également posée. Air France reprend l’emblème d’Air Orient, un cheval ailé à queue de dragon. Alors que le débat fait rage entre l’avion et l’hydravion, le merveilleux animal fait consensus, aussi à l’aise dans le ciel que sur les flots. Il sera adopté avec enthousiasme par le personnel, qui le rebaptisera la « Crevette ».
La nouvelle compagnie est inaugurée par Pierre Cot, le 7 octobre 1933 au Bourget, principal aéroport du pays. La France dispose enfin d’une compagnie nationale, qui doit désormais trouver son unité.
Elle dispose d’un nom, d’un emblème, et d’un président : Ernest Roume, ancien président d’Air Orient. Mais d’une grande variété d’avions, de méthodes, de personnels. Air France doit devenir un ensemble cohérent, efficace et sûr.
En quelques années, la Compagnie réduit sa flotte de 259 à 90 avions, principalement français. Air France structure son réseau autour de trois plates-formes : Marignane (Marseille) pour la Méditerranée et l’Orient ; Toulouse pour l’Amérique du Sud ; et surtout Le Bourget pour les liaisons avec les principales villes européennes.
Discours de Pierre Cot, inauguration officielle d'Air France
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Théâtre d’inoubliables exploits, comme l’arrivée de Charles Lindbergh en 1927 après sa traversée New York-Paris, Le Bourget s’impose comme la véritable plateforme de lancement de la nouvelle compagnie, qui hérite d’ici un vaste réseau et l'amplifie vers l’Europe et ailleurs. Car le monde est désormais accessible : Alger en 8h30, Dakar en 28 heures, Hanoi en une semaine.
Mais c’est Paris-Londres, l’axe clef de l’Europe des affaires, qui représente alors la ligne stratégique. Elle concentre environ un tiers des passagers d’Air France, qui y affecte les appareils de plus en plus performants, comme le Bloch 220 en 1938 (300 km/h de vitesse de croisière). Les deux villes ne sont qu’à 1h15 l’une de l’autre.
Sur cette ligne, la compagnie tricolore se positionne. En 1938, elle transporte 39% des passagers qui voyagent entre les deux capitales.
A la veille de la guerre, Air France s’est affirmée comme une compagnie majeure. Son réseau s’est considérablement développé. En 1938, avec 85 escales, il est le troisième réseau le plus étendu au monde.
Cette année-là, Air France transporte plus de 100 000 passagers, deux fois plus qu’en 1933, et dans des conditions nettement plus confortables. Les avions sont moins bruyants, plus rapides et volent plus haut.
Mais avec l’entrée de la France dans le conflit mondial, Air France plonge dans la tourmente. Après l’armistice de 1940, ses activités sont réduites comme peau de chagrin.
A côté d’une « Air France occupée », se constitue une « Air France libre », sous l’égide du Général de Gaulle : les Lignes Aériennes Militaires, dirigées depuis Damas par Lionel de Marmier en 1943. En Afrique du Nord, Air France continue une exploitation réduite et l'Aéromaritime cesse ses services.
Toutes sont réunies en 1944, au sein du Réseau des Lignes Aériennes Françaises, qu’on appelle à nouveau Air France en 1946.
La compagnie nationale reprend son envol.