© air france
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Aux premières heures d’Air France, le service en vol est loin d’être la règle.
Seuls cinq barmans britanniques officient - en veste rouge, col cassé et nœud papillon - sur le Paris-Londres. La présence d’un personnel en cabine n’est pas jugée indispensable sur des vols généralement courts. Surtout : à bord d’appareils étroits et peu puissants, chaque poids compte. Les premiers barmans embauchés par Air France – le nom « steward » apparaît en 1938 – peuvent être débarqués avant le décollage, si la surcharge de l’appareil le nécessite.
Ce personnel « poids plume » – moins de soixante kilos réglementaires –, formé dans l’hôtellerie de luxe et sur les paquebots transatlantiques, devient le précurseur du service de bord « à la française ». La mission consiste à la fois à assurer un service de haute qualité et à veiller à la sécurité des passagers. En distribuant sandwichs et rafraîchissements, et en commentant le paysage qui défile sous les hublots, le barman distrait aussi le passager, que les conditions de vol des années 1930 pourraient rebuter. A basse altitude, les turbulences sont fréquentes ; les avions sont peu ou mal chauffés ; et les atterrissages de fortune en plein champ ne sont pas rares.
À la veille de la guerre, la fonction n’est pas encore formalisée. Air France n’emploie qu’une trentaine de stewards, en uniforme adapté de celui des wagons-lits.
Changement de décor à l’issue du conflit, qui a vu l’aéronautique faire d’importants progrès techniques. Plus puissants, les moteurs autorisent des vols long-courriers. Le Paris-New York, « la ligne des seigneurs », peu durer près de vingt-quatre heures. Le service à bord doit se professionnaliser. D’autant que l’essor du trafic exacerbe la concurrence entre compagnies. Air France renforce son personnel en embauchant ses premières hôtesses de l’air en 1946.
steward en cabine dans un Wibault 283 T12 (cabine pour 10 passagers)
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Vêtus d’uniformes pour les démarquer des passagers, hôtesses et stewards se voient confier des fonctions complémentaires. Aux hôtesses l’accueil, le rôle de « maîtresse de maison » ; aux stewards la préparation des repas au galley (la cuisine de bord), et le maintien de la propreté en cabine. Si Air France gagne alors sa réputation d’excellence, elle le doit beaucoup à ce qu’on appelle désormais le PNC – Personnel Navigant Commercial –, dont les effectifs ne cessent de grossir : 30 personnes en 1945, 728 en 1959, 1800 en 1971. Il faut dire que la capacité des avions évolue elle aussi : 64 passagers pour un Douglas DC4 en 1946 ; près de 500 pour un Boeing B747 en 1970.
Avec les gros porteurs, le métier se standardise. Hôtesses et stewards se voient confier des missions peu à peu similaires, au sein d’équipes densifiées : jusqu’à 16 personnes sur Boeing B-747. La fonction de chef de cabine principal est créée pour les gros-porteurs, Boeing 747 et Airbus A300, supervisant les chefs de cabine apparûs avec les jets. La « qualité Air France » ne faiblit pas pour autant, fondée sur une élégance que soulignent des uniformes dessinés désormais par des couturiers de renom. Ambassadeurs d’Air France, les PNC sont aujourd’hui plus de 13 000 en tout.